Okopka.ru Îêîïíàÿ ïðîçà
Bobrov Gleb
Une limite fine et transparente

[Ðåãèñòðàöèÿ] [Îáñóæäåíèÿ] [Íîâèíêè] [English] [Ïîìîùü] [Íàéòè] [Ïîñòðîåíèÿ] [Ðåêëàìîäàòåëþ] [Êîíòàêòû]
 Âàøà îöåíêà:

Galerie, 6 photos

Traduction (ñ)Artem Melnikov

On voit les débris de deux cercueils au fond dun petit fossé. Sous une grosse couche de la boue on parvient à distinguer deux couleurs - le jaune verdâtre et le bleu vif. Dans un couvercle renversé de cercueil jaune il y a quelque chose qui ressemble à un treillis militaire en boule. Le camouflage, tout comme le revêtement de couvercle, est parsemé des petites paillettes blanches et rondes. On na strictement pas envie de savoir ce que cest, ces paillettes. Les nuages lourds couleur de plomb sécrasent sur nos têtes. La pluie fine ne sarrête pas. Même le ciel est rempli dangoisse sur cette friche. La gadoue aux chevilles, nous sommes figés au bord de ces fossés. A lopposé, de lautre côté de la friche, on distingue un quartier de village de Novosvetlovka, dévasté par les combats. Derrière nous - la clôture de léglise de Notre-Dame de Toute Protection.

"Nous" sommes en fait un groupe des pacificateurs: les "afghans" (vétérans de la guerre en Afghanistan des années 80) de Lougansk, les militants pacifistes venus de Russie et les représentants de "Corps des Officiers" ukrainien. Plus les journalistes: une équipe des reporteurs de Centre dInformation de Lougansk et les représentants de la chaine "STB" de la télé ukrainienne. Notre mission est extrêmement simple - remettre au côté ukrainien les dépouilles de six combattants, morts à Novosvetlovka lété passé.

***

Facile de dire "remettre". En réalité, il manque peu à cette affaire pour être une vraie opération militaire.

Tout commence tôt le matin. Le gros des préparatifs a été fait par nos "afghans" - le chef de lUnion des vétérans dAfghanistande Lougansk Sergey Shonin et son adjoint et camarade fidèle Victor Mukha. Combien de temps et de lénergie il leur a fallu pour mettre daccord les deux côtés de front - Dieu seul le sait, mais en tout cas aujourdhui, escortés par des gardes municipales, nous nous approchons de lavant post de la ville de Shastié1.

Jadis divisée par la barre de sécurité, cette belle chaussée est aujourdhui défigurée par les explosions des obus. Les barres sont à des nombreux endroits tortillées et déchirées. Les voitures changent sans cesse de côté, passant sur le gazon qui finit par se transformer en bouillie. La route est nappée dune grosse couche de la boue.

De côté de lavant-poste - le paysage des temps de la Grande Guerre: caponnières, abris anti-bombes, les tranchées à taille dhomme... La végétation mutilée, les débris de toute sorte, le tout nage dans de la boue: omniprésente, épaisse, incontournable... Au milieu de cette scène morne, trempés jusquà la moelle par une pluie infinie, les soldats de la milice de Lougansk nous attendent.

Nous sortons. Saluons les gars par une étreinte. Selon la tradition combattante, on se heurte des épaules, comme si on sappuyait, pendant un instant, les uns sur les autres. Impossible daller plus loin - dans 1 kilomètre et 300 mètres se trouve un avant-poste des "ukrops"2. Ici les soldats de larmée ukrainienne nont pas dautre nom que celui-là. On nous dit que le pont est miné. Et aussi: "Mettez vos véhicules derrière le bosquet, pas la peine de narguer les rectificateurs3".

Pendant quon gare nos voitures, nos "afghans" sortent de la fenêtre de la leur un drapeau des négociateurs et partent sur le côté adverse. Victor Moukha nous racontait, en riant, que lors de leur dernière visite, les "aidars"4 lui ont promis de le mettre "à la cave" pour une paire de joursparce quil lavait "un peu trop grande". Etait-ce une blague ou pas vraiment - personne ne le sait. En tout cas il y est reparti. Dans un quart dheure ils reviennent, leur bus est suivi par une "Gazelle"5, avec une feuille de papier collée derrière le pare-brise "Charge 200"6. Ceci est une première étape de notre opération: larrivée de véhicule "porte-cadavres" et des représentants de lassociation ukrainienne "Centre de libération des capturés de guerre "Corps des Officiers". La venue des journalistes de STB est hors programme, mais cest leur droit7. Et pourtant, honnêtement, je vois mal les journalistes de LNR8 ou DNR9 débarquer de la sorte sur le territoire sous contrôle de, par exemple, bataillon "Aidar".

***

Etape suivante - Novosvetlovka. Cest là-bas quont été exhumés les six corps que nous allons faire rapatrier aujourdhui. Dans notre bus, on est tous comme les sardines, les uns sur les autres. Il ny a pas eu de volontaires pour faire un voyage dans le "porte-cadavre".

Borya et Alexey - les caméramans ukrainiens sont tendus et silencieux, mais noublient point leur travail - à travers les fenêtres de bus, couvertes de la pluie ruisselante, ils filment les dégâts causés par le feu dartillerie: les carcasses des véhicules et des bâtiments en ruines. Et il nen manque pas.

Trois pans de mur, sortant, tels les crocs dun monstre atterré, dun tas de brique broyé: voici lancien poste fixe de la police routière au milieu de la route. Deux stations de service: une "normale" et une GPL, explosés par les impacts directs et complètement brulées. Un châssis dun char avec sa tourelle renversée qui se repose à quelques dizaines des mètres, résultat probablement dune détonation de réserve des munitions. Déjà vu en Afghanistan, je le reconnaitrai toujours. Auprès de la tourelle et le châssis cramé - les gerbes fanées et les photos défraichies.

La représentante de "Corps des Officiers" Alla Borisenko attire dun temps à lautre lattention de son équipe sur les détails particulièrement impressionnants. Ses remarques ont un effet des ordres à laction. Cette dame ne parle pas beaucoup et semble très posée. Une grande angoisse se lit au fond de ses yeux.

Lentrée dans la ville réveille lintérêt de nos compagnons. Les journalistes de STB sont étonnés de voir à quel point la ville est animée. La circulation, les transports en commun, les nombreux passants, les magasins ouverts - tout cela semble être une véritable surprise pour eux.

Un autre point qui fait une grande impression est les dégâts subis par la ville. En essayant de filmer, dun bus avançant, un immeuble inachevé de 27 étages, qui sest "attrapé" durant lété minimum 3 gros impacts directsle journaliste dit:

- Il est trop loin, je narrive pas à lavoir...

- Ca fait rien, vos obusiers ny avait pas du mal - rétorquent nos "afghans"

La blague na pas été appréciée.

Nous traversons Lougansk avec notre escorte et poursuivons tout seuls pour Novosvetlovka - il ny a plus de postes de contrôle à lintérieur de LNR. On y va en silence. Peu avant larrivée, Alla, soudainement, ouvre son téléphone et nous montre une photo dune toute petite fille. Un bébé charmant qui commence à peine bien tenir la tête. Une chaleur de lamour maternel sallume pendant un bref instant dans ses yeux tristes.

- Elle sappelle Solomie. Elle a déjà six mois.

Ça me fait délirer:

- Et tu ne penses pas que cest avec elle que tu devrais rester, plutôt que de trimballer de la charogne dans tout le pays?

- Et qui va soccuper de la "charogne"? - réponds-elle dune voix unie.

- Ce sont tes parents qui la gardent en attendant?

Elle hoche tristement la tête en guise de réponse:

- Jai accueilli chez moi à Kiev une famille des refugiés de Lougansk. Ils ont deux enfants. Et la mienne est avec eux.

Le voile de deuil couvre ses yeux, entourés des cernes bien marqués. On ressent au fond delle comme une sorte dune lourde marque de fatalité... Jai eu envie de lui demander quest devenu son mari, mais je me suis retenu. Japprendrai plus tard que jai bien fait.

***

A Novosvetlovka, devant les cercueils, on écoute Valeri Prikhodko - le représentant dune association russe avec un nom long et indigeste: "Le centre de contribution aux activités anti-terroristes de lEtat".

- On ignore, doù proviennent les corps. Et à lheure actuelle il ny aura plus personne pour nous renseigner. Lété dernier il y avait ici des troupes de 80ème brigade aéromobile VDV10 VSU11 de Lviv, de la garde nationale et de bataillon "Aidar". La mort de ces hommes, probablement, a été causée par les blessures. Apparemment, à un des corps il manquait les entrailles. Maintenant, pour les identifier, il faudra questionner les militaires des troupes ukrainiennes qui ont participé aux combats dété dernier. Les riverains, quant à eux, ne savent rien. On les a rentré par la force dans leur église, le bâtiment était miné, et on leur a dit que tout le village était miné. Ensuite les militaires leur ont emmené deux corps et ont ordonné de les enterrer. Les campagnards ont enterré les soldats sur le champ, dans lenclos de léglise. Enterré avec du respectde rite orthodoxe et dans des cercueils. Les quatre autres corps ont été enterrés par les militaires-mêmes, sur un terrain vague à une centaine des mètres de léglise.

Lors de lexamen du lieu dexhumation, Borisenko décide de récupérer un treillis. On emmène un sac plastique pour le transport des cadavres, Shonin lui aide à ramasser le treillis avec le sac. En soulevant la veste, il en sort une masse de ces fameuses paillettes blanches qui sont en fait des asticots morts qui se sont collés à lhabit et au cercueil. Alla en prends sur ses mains, et, lair de rien, frotte sa manche pour les faire tomber. Apparemment, ce nest pas la première fois pour elle. On ne pourra pas refuser à cette dame davoir du sang-froid. Nous continuons...

***

Maintenant je sais précisément à quoi ressemble lenfer. Pas lenfer avec les marmites, les cornes et le grincement des dents, mais le vrai, celui des hommes. En vérité lenfer se trouve dans un ancien local technique du bloc de médecine légale de lhôpital de Krasnodonsk. Cest une pièce de 2 mètres et demi sur 3 mètres et demi. A peu près comme votre salle de bain combinée avec un WC, ou à peine plus grand. Ce cagibi contient une vingtaine des corps humains, emballés dans des draps, des couettes, des sacs ou du film plastique. La majorité y est depuis lété, ils se sont congelés et décongelés plus dune fois. Ils coulent... Lodeur coupe la respiration et fait pleurer les yeux. Pas déclairage autre quune petite torche de responsable dévoué de bloc de la médecine légale, docteur Alexey Samoylenko. Les dépouilles sont empilées sur plusieurs niveaux. Les civils, les militaires, les non-identifiés, non-réclamés, les SDF, il y a de tout...

Deux types quon nous a emmené de la prison de la ville se mettent à lRuvre: trouver et charger "nos" cadavres. Toutes les 5 minutes, au tour de rôles, ils sortent du local en courant pour prendre lair et narrivent pas toujours à retenir leur vomissement. Dans leurs yeux se lit lhorreur quils sont en train de vivre. Tout est trop simple, trop affreux, trop vrai. Le voilà lenfer, le vrai, et pas celui des images dHollywood.

Le chargement dure longtemps, pratiquement jusquau soir. Il a fallu retrouver les corps, les identifier, les sortir dun tas, les emballer dabord dans un sac spécial et ensuite encore dans une manche étanche quon referme avec du scotch. En attendant, nous discutons avec une femme dans le bureau des obsèques qui se trouve dans lenceinte de lhôpital. Il se trouve que Tatiana est un témoin vivant de loccupation du village par les troupes ukrainiennes lété dernier. Notre mission la surprend.

- Venez voir nimporte qui à Novosvetlovka! Tout le monde vous montrera où on enterrait ces salauds! Ils laissaient leurs morts comme de la charogne! Cétait en été, il faisait chaud, les corps gonflaient, puis ils sexplosaient, ça coulait, il y avait des nuages des mouches... Nous, on les enterrait directement aux bords des routes.

- Est-ce que vous, vous avez vu des "ukrops"? - Cette question lui coupe le souffle, - Je nai toujours pas compris comment jy ai survécu!

Et puis - une avalanche trouble des souvenirs de la terreur vécue sort delle. Pour ne pas faire marchand de malheur, je ne citerai quun seul épisode qui est caractéristique.

Après loccupation dété, à lhôpital de Krasnodonsk on a soigné pendant plus de deux mois un homme avec des graves troubles mentaux. La raison est simple: un sous-sol où ils se refugiaient pendant les bombardements incessants, servait également dabri aux "aidars". Ils lont attaché, lont jeté dans un coin de la pièce et, au tour des rôles toute la bande se mit à violer sa femme et sa belle-mère. Violer devant ses yeux.

Obéissant à comme une sorte de voix intérieure, je dis à Tatiana:

- Puis-je vous emmener ici deux journalistes de Kiev, et que vous leurs racontiez tout ce qui sest passé pendant ces jours-là?

Dans une minute Borya et Alexey étaient aux obsèques et, sans allumer le camera, écoutaient Tatiana.

Ils lécoutaient très attentivement, il est sûr que de chez eux il leur serait impossible dapprendre des tels "détails".

***

Le chargement des corps terminé, on enregistre une partie "officielle". Alla Borisenko nous exprime sa sincère reconnaissance:

- Sans aide des membres de lUnion des anciens combattants dAfghanistan Sergey Shonin et Viktor Moukha, notre action sur le territoire de la République populaire de Lougansk ne serait pas possible.

On parle de lavenir. Il nest pas secret quaujourdhui seulement dans la région de Lougansk il reste des milliers de sépultures non recensées. Et pas que dans la terre. Selon linformation qui na pas encore été vérifiée, il a eu des cas où les corps aurait été noyés dans des marais, jetés dans les anciennes mines, terrassés par des bulldozers dans les fossés et carrières.

A ce propos, Sergey Shonin était extrêmement clair:

- Globalement, il faudrait compter plusieurs milliers de sépultures similaires à celle daujourdhui sur le territoire de LNR.

Nous rentrons quand il fait déjà nuit. Les gars de STB sont excités. Le chef déquipe de tournage Boris nous questionne sans arrêt, Moukha et moi, sur les détails de début de la révolte, de lattaque aérienne sur lancien bâtiment de gouvernement de la région, les bombardements de Lougansk et le début de la guerre. Et ce qui me surprend, cest que cet homme semble réellement chercher à comprendre les choses! Je dirais même plus: en parlant de la fédéralisation, de la langue russe, en essayant de saisir le sens des nos revendications, notre collègue ukrainien voulais sincèrement trouver la voie qui pourrait mener lUkraine peut être pas encore vers la paix, mais au moins vers le début de dialogue. Et avant tout - à larrêt de cette guerre fratricide. Boris voulait vraiment comprendre, comment et par quoi on pourrait arrêter le massacre.

Et ce nest pas seulement une impression quil ma fait, je le sais avec certitude, car jai vu le reportage quils ont fait à la télé. Dans leur sujet, passé à la STB, navait pas un gramme de mensonge. Il ny avait pas de toutes ces altérations et déformations de sens si habituelles pour les medias ukrainiens.

Il ny a pas longtemps, jai interviewé un célèbre savant de Lougansk, un philosophe et spécialiste des religions Konstantin Derevianko.

Il a exprimé une idée assez simple: "Nous sommes en plein milieu dune faille géopolitique entre la Russie et lOccident. Et lUkraine, tombée dans cette faille, nest plus réunie par des liens orthodoxes".

Ce soir, en rentrant chez moi jai réalisé que cette mission humanitaire quon vient daccomplir est en vérité ce même lien invisible, mais bien réel, qui retient nous tous au bord dun gouffre de chaos sanguinaire de haine et de lextermination totales. Il est vrai que à côté des milliers des corps qui sont aujourdhui toujours pas identifiés - ce quon vient de faire peux paraître un rien. Mais! Six mères concrètes recevront les corps de leurs enfants. Pour leur faire des vraies obsèques, dire des vrais adieux et pour les poser dans un lieu de repos éternel.

Pour chaque famille concrète, ce que nous venons de faire - les "afghans", qui endurent une guerre de plus, la jeune maman et déjà veuve Alla, le chauffeur de "Corps des Officiers" Sasha, lancien commando Valeri de "Centre de contribution aux activités anti-terroristes de lEtat" de Russie, les journalistes de centre dinformation de Lougansk et leurs collègues de STB - cest un véritable exploit. Par notre mission nous nous mettons comme une limite, une limite fine et transparente entre la haine, la soif de vengeance et de lextermination mutuelle.

Demain nous repartirons pour échanger les capturés. Et ça sera encore une initiative unilatérale. Ça veut dire que nous allons prendre des petits morveux détenus chez nous et simplement les rendre à leurs mères qui sont venues les chercher. Parce quil le faut. Parce que cest juste. Parce que cest notre mission...

Lougansk, décembre 2014

1 Shastié - "bonheur" en russe.

2"ukrop" - un nom péjoratif, donné par les miliciens de Donetsk et Lougansk aux soldats de côté ukrainien. "Ukrop" signifie "fenouil" en russe, condiment très prisé dans la cuisine des peuples de lex-URSS.

3 Rectificateur - un soldat ou officier, dont la mission est de rectifier le feu de lartillerie. Le rectificateur se positionne de manière qui lui permet dobserver la cible, et, par la radio, donne les coordonnés pour rectifier le tir, ou bien, confirme que la visée était bonne.

4 "AIDAR" - le nom dun des bataillons des nationalistes volontaires ukrainiens.

5 "Gazelle" - un modèle dun minibus de la marque russe "GAZ", véhicule très courant en ex-URSS.

6 "Charge 200" - les cadavres.

7 La venue des gens de télévision nétait pas prévue dans le programme de mission. Mais on les laisse y assister en respect de leurs droits en tant que représentants de la presse.

8 LNR - acronyme de "République Populaire de Lougansk".

9 DNR - acronyme de "République Populaire de Donetsk".

10 VDV - acronyme des troupes aéromobiles (les "paras"), dénomination répandue dans les républiques de lex-URSS

11 VSU - acronyme de "Forces armées de lUkraine"

Ïîäïèñè ê ôîòîãðàôèÿì

1. Òåëà óêðàèíñêèõ âîåííûõ ïîãðóæåíû â "òðóïîâîçêó" (ñ) Þðèé Ñòðåëüöîâ - Les corps des militaires ukrainiens sont chargés dans un "porte-cadavre". ? Youri Streltsov.

2. Ìèðîòâîð÷åñêàÿ ãðóïïà. Ñëåâà - íàïðàâî: Âèêòîð Ìóõà, Àëëà Áîðèñåíêî, Ñåðãåé Øîíèí, Âàëåðèé Ïðèõîäüêî, Ãëåá Áîáðîâ (ñ) Þðèé Ñòðåëüöîâ - Les pacificateurs. De gauche à droite: Viktor Moukha, Alla Borisenko, Sergey Shonin, Valeri Prikhodko, Gleb Bobrov. ? Youri Streltsov.

3. Íà ìåñòå ýêñãóìàöèè - Sur le lieu dexhumation. ? Youri Streltsov.

4. "Ìàøèíà "Îôèöåðñêîãî êîðïóñà", â ïðîñòîðå÷èè - "òðóïîâîçêà" (ñ) Þðèé Ñòðåëüöîâ - La voiture de "Corps des Officiers", en langage populaire le "porte-cadavre". ? Youri Streltsov.

5. Óïàêîâêà òåë. Íà÷àëî - ìåøîê äëÿ òðàíñïîðòèðîâêè òðóïîâ. (ñ) Þðèé Ñòðåëüöîâ - Emballage des corps. Dabord dans un sac plastique spécial. ? Youri Streltsov.

6. Óïàêîâêà òåë. Îêîí÷àíèå - óêëàäêà â ïîëèýòèëåíîâûé ðóêàâ ãåðìåòèðóåìûé ñêîò÷åì. (ñ) Þðèé Ñòðåëüöîâ - Emballage des corps. Ensuite - dans une manche étanche refermée avec du scotch. ? Youri Streltsov.


 Âàøà îöåíêà:

Ñâÿçàòüñÿ ñ ïðîãðàììèñòîì ñàéòà.

Ïî âñåì âîïðîñàì, ñâÿçàííûì ñ èñïîëüçîâàíèåì ïðåäñòàâëåííûõ íà okopka.ru ìàòåðèàëîâ, îáðàùàéòåñü íàïðÿìóþ ê àâòîðàì ïðîèçâåäåíèé èëè ê ðåäàêòîðó ñàéòà ïî email: okopka.ru@mail.ru
(ñ)okopka.ru, 2008-2019